PARIS, 11 MARS 2014, LXRV – Comment cette industrie du luxe, écosystème de l’excellence et de l’art de vivre, moteur…
« Les grandes écoles de mode forment des Saint Laurent, jamais des Pierre Bergé »
PARIS, 11 MARS 2014, LXRV – Comment cette industrie du luxe, écosystème de l’excellence et de l’art de vivre, moteur d’une croissance remarquable, qui emploie plus de deux cent mille personnes en France et 1,5 million en Europe, remplit-elle ses missions de formation intergénérationnelle ? La question est récurrente au sein du Comité Colbert né il y a soixante ans, et qui rassemble aujourd’hui soixante-dix-huit maisons françaises de luxe. Celles-ci « peinent à recruter des jeunes alors qu’elles connaissent un fort développement économique sur tous les marchés internationaux », soulignait l’association à l’occasion d’une signature de convention, l’an dernier, avec le rectorat de Paris. L’initiative souhaitait surtout encourager les vocations dans les métiers de la main — joaillier, tailleur, céramiste, verrier, tapissier, etc –, qui constituent la base des savoir-faire. Enjeu pour les jeunes : découvrir les filières qui mènent à des débouchés significatifs et durables.sDans un document de réflexion consacré au « potentiel des industries culturelles et créatives », le Comité indiquait aussi quelques noms réputés dans l’hexagone parmi « une sélection d’écoles européennes liées au secteur du luxe » : l’Institut supérieur international du parfum et de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire (ISIPCA), l’Institut français de la mode, l’École Boulle, Duperré ou encore celle de la Chambre syndicale de la couture parisienne.
Avec sa Chaire Colbert créée en 2011 au sein de l’École nationale supérieure des arts appliqués et métiers d’art (ENSAAMA) qui a développé un Master 2 « Stratégies du design », le Comité cherche par ailleurs à « créer un vivier de jeunes créateurs qui sauront incarner demain le style français » explique sa déléguée générale, Élisabeth Ponsolle des Portes.
« Les grandes écoles de mode forment des Saint Laurent, jamais des Pierre Bergé, alors que ce sont eux, les développeurs, qui font la fortune d’une marque… » répond en écho Marc Drillech, directeur général du Ionis Education Group dans lequel on trouve des écoles de commerce, notamment l’Institut supérieur de gestion (ISG), mais aussi de finances, de marketing, de communication, ainsi que plusieurs cursus high-tech (Epita, Epitech, Sup’Internet, e-artsup…). Ses différents établissements accueillent 20000 étudiants par an, dit-il. Si nous l’avons rencontré fin février, c’est justement parce qu’il a annoncé le lancement d’une « nouvelle business school spécialisée dans ces univers du luxe, de la mode et du design, ouverte sur la réflexion stratégique, notamment à l’international, fondée sur la maîtrise du monde numérique, et mettant au centre de la réflexion l’esprit créatif, qui ne doit pas être seulement réservé aux créatifs. »

Le nom de baptême, « Moda Domani Institute », « est une référence au concours annuel des créateurs de demain mis en place depuis plus de 20 ans par l’ISG et son association étudiante » indique le dossier de presse. Quelle sera sa valeur ajoutée ? « Nous allons transformer la passion de nos élèves en expertise » confie Marc Drillech, qui ajoute : « J’ai le sentiment que nous allons apporter une modernité qui était attendue des acteurs actuellement sur le marché et qui ne venait pas. » L’école est-elle déjà en contact avec les grands groupes du luxe, comme Kering qui s’est plaint au mois de septembre dernier, par la voix de son patron François-Henri Pinault, de ne pas trouver les collaborateurs qui lui manquent dans les postes clés du développement, de la communication, du marketing ? Pas pour l’instant, et son directeur assume « totalement le fait d’être work in process. Nous avons toujours fonctionné comme ça. Il faut simplement trouver le bon timing » commente-t-il. En tout cas, sa nouvelle école a déjà trouvé le bon casting pour son comité de perfectionnement, qui compte quelques célébrités de la profession, du réalisateur et photographe Bruno Aveillan au président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, Daniel Wertel, en passant par la journaliste et présentatrice Alexandra Golovanoff. Après la mode, la mode, la mode, le luxe, le luxe, le luxe ?
Luxe Revue