À Manhattan, l’un des appartements de la tour One57 dessinée par l’architecte français Christian de Portzamparc. Prix annoncé par Sotheby’s pour une surface de 200 mètres carrés avec vue panoramique : 37 millions $. New York arrive en tête du Top 10 des villes accueillant le plus grand nombre de multimillionnaires, suivi par Londres, Hong Kong, Los Angeles, San Francisco, Washington, Singapour, Dallas, Mumbai et Paris. (Photo : John Neitzel © Sotheby’s International Realty 2015)
Le marché de l’immobilier de luxe est de plus en plus global
Selon les informations collectées par les experts de l’institut Wealth-X et les collaborateurs du réseau immobilier Sotheby’s, la valeur cumulée des biens résidentiels de luxe appartenant aux 211.275 individus ultra fortunés de la planète, définis comme possédant plus de 30 millions $ d’actifs, représente un montant cumulé de 2.900 milliards $, soit un patrimoine de 13,7 millions $ par tête. L’estimation grimpe à 94 millions $ pour la population particulière des milliardaires qui possèdent en moyenne quatre propriétés avec une préférence pour Londres, New York, Paris, Monaco et Genève. En moyenne aussi, un milliardaire détient 600 millions $ de liquidités contre 35 millions $ à un individu ultra fortuné.
Ces chiffres publiés dans un document intitulé « Global Luxury Residential Real Estate Report 2015 » reflètent les « histoires personnelles » de la clientèle haut de gamme conseillée par Sotheby’s et étudiée par l’institut Wealth-X basé à Singapour, spécialisé dans l’analyse des Ultra High Net Worth Individuals (UHNWIs). Pour cette cible, « l’immobilier résidentiel de luxe est à la fois un investissement, un actif et un style de vie » écrivent les auteurs. Un bien est considéré comme « de luxe » à partir d’un million de dollars. Ce segment de l’immobilier de luxe enregistre une croissance plus rapide que le secteur en général.
Plus de trois quarts des individus ultra fortunés possèdent plus de deux propriétés, plus de trois pour la moitié d’entre eux. Leurs biens ont pris 8 % de valeur en un an, plus de 7 % d’entre eux ont fait fortune dans l’immobilier, 6 % vivent dans une autre patrie que la leur, n’hésitant pas à se relocaliser pour des raisons professionnelles dans les nouveaux centres financiers des marchés émergents, notamment asiatiques.
Les avantages fiscaux, la gamme d’établissements scolaires ou universitaires offerts par une destination, ainsi que la qualité des infrastructures et la stabilité du pays, sont pris en compte dans le choix d’un lieu de résidence principale.
New York arrive en tête du Top 10 des villes accueillant le plus grand nombre de UHNWIs, suivie par Londres, Hong Kong, Los Angeles, San Francisco, Washington, Singapour, Dallas, Mumbai et Paris.
Comptant parmi les destinations les plus recherchées, la capitale française reste « étonnamment abordable et offre des opportunités à des prix hautement intéressants » commente le patron de Sotheby’s International Realty France − Monaco, Alexander Kraft.
Les baisses de prix enregistrées à Paris peuvent être attribuées aux mesures d’austérité introduites par le gouvernement dans un contexte mondial et européen de pressions économiques, expliquent les auteurs du rapport. Ils ajoutent : « Les résidents français fortunés ont commencé à fuir une fiscalité accentuée sous la présidence de François Hollande, entraînant une augmentation de l’offre et une baisse des prix. Le marché reste cependant attractif, aussi bien pour les acheteurs fortunés français qu’étrangers, notamment ceux du Moyen-Orient et des États-Unis, mais aussi de Russie, d’Italie et du Royaume-Uni qui sont de plus en plus nombreux ».
Les États-Unis arrivent aussi en tête du Top 10 des pays ayant la faveur des multimillionnaires pour une résidence secondaire, suivis par le Royaume-Uni, la Suisse, la France, la Chine, Hong Kong, Singapour, Monaco, l’Australie et l’Inde. La pratique de la langue anglaise, l’évolution du marché immobilier, les infrastructures de santé et de loisirs ou encore la météo sont des critères importants au même titre que le style de vie et la fréquentation élitaire d’une destination telle que Aspen ou Monaco.
La Principauté, qui accueille chaque année des événements prestigieux comme un Grand prix de Formule 1 et offre un environnement idéal pour la pratique de la grande plaisance, montre la plus forte densité (83 %) de biens immobiliers détenus par des individus ultra fortunés basés à l’étranger, suivie par la France (44 %) riche de vignobles et châteaux et la Suisse (33 %), non seulement réputée pour ses banques mais aussi ses stations alpines et sa tranquillité.
Par ville, Saint-Tropez affiche la plus forte proportion (88 %) de propriétaires étrangers, suivie par Marbella (87 %), Marrakech (83 %), Monte Carlo (83 %) et Lugano (64 %).
Le rapport attire enfin l’attention sur la proportion de la population ultra fortunée asiatique qui représente aujourd’hui pratiquement le double de celle combinée d’Amérique latine et des Caraïbes, du Moyen-Orient, du Pacifique et de l’Afrique et qui influencera forcément le marché dans les prochaines années. Le nombre croissant de ses membres qui étudient à l’étranger ouvre des horizons plus vastes en matière d’investissements, notamment dans des terres constructibles plutôt que des propriétés existantes.
Après les décennies réservées aux marchés traditionnels londonien, new-yorkais et parisien, puis celles ayant vu émerger Hong Kong, Singapour et Dubaï, la nouvelle vague d’investissements immobiliers de luxe pourra atteindre quelques régions du Moyen-Orient ou d’Afrique marquées par des forts taux de croissance ou se concentrer dans des enclaves asiatiques montrant un potentiel touristique important. Celle-ci a déjà atteint Bali et touchera demain la Malaisie, le Vietnam et même la Birmanie.